Jean-Paul Brodeur, Massimiliano Mulone, Frédéric Ocqueteau, Valérie Sagant
CIPC – Centre International pour la Prévention de la Criminalité
Overview: Les événements survenus dans le quartier de Montréal-Nord les 9 et 10 août 2008 constituent une première malheureuse pour le Service de Police de la Ville de Montréal.
Non pas que celui-ci n’ait jamais eu à affronter une émeute, mais celle déclenchée à la suite de la mort du jeune Fredy Villanueva présentait une caractéristique nouvelle : elle découlait directement d’un incident impliquant la police et était dirigée en premier chef contre cette dernière. Les émeutes associées au club de hockey de Montréal en 1986, 1993 et 2008, ont débouché sur la destruction de plusieurs voitures de patrouilles, mais elles n’étaient pas générées, ni ne visaient particulièrement le SPVM.
L’analyse telle que demandée par le SPVM s’est construite sur un double axe, spatial et temporel. Nous nous sommes intéressés à comparer diverses situations nationales au regard des émeutes urbaines : en France (émeutes de novembre 2005 et à Villiers-leBel en 2007), au Royaume-Uni (Brixton en 1981, 1985 et 1995; Broadwater Farm en 1985), aux États-Unis (Washington Mount Pleasant en 1991; Los Angeles en 1992 et Cincinnati en 2001) et enfin en Australie (Redfern en 2004). Nous avons opté pour des pays où les réalités socio-économiques et culturelles sont, toutes proportions gardées, relativement comparables au contexte québécois. Les questions des processus d’enquête, des modes d’interventions de la police (gestion des foules, profilage racial, relations avec la communauté) et de contexte du territoire ont ainsi été abordées. Dans un second temps, il nous a semblé également nécessaire de resituer dans le temps les émeutes de Montréal-Nord, plusieurs incidents graves impliquant la police et des membres de communautés culturelles ayant eu lieu à Montréal ces dernières années sans déboucher sur des violences telles que celles observées en août dernier.