Chocs Futurs – Étude prospective à l’horizon 2030

Chocs Futurs - Étude prospective à l’horizon 2030Fondation pour la recherche stratégique (FRS)

Descripción: Quand Robert Fulton, inventeur du premier sous-marin poseur de mines, soumit son projet au Directoire puis à Napoléon, celui-ci fut rejeté comme inepte et militairement déloyal. L’Amirauté britannique, plus perspicace, en vit tout l’intérêt, mais préféra soudoyer fulton pour qu’il ne développe pas une invention potentiellement dangereuse pour la suprématie de sa flotte. L’Amérique n’en voulut pas davantage.

Malgré l’engouement technologique de notre siècle, la résistance à l’innovation existe toujours, par paresse intellectuelle, par force des habitudes, par choix de doctrine, ou du fait de contraintes économiques. A côté des ruptures stratégiques qui, subrepticement ou brutalement, affectent l’agencement du monde, il existe des sauts ou des ruptures technologiques qui, même ressentis comme imminents, n’ont pas été anticipés avec clairvoyance. Le choc est alors plus violent et les effets moins bien maîtrisés. Dans tous les cas, l’accélération du temps technologique au XXIe siècle rend le rattrapage des occasions manquées plus difficile et le prix du déni plus élevé.

Dans un monde travaillé par des dynamiques contradictoires, où l’équilibre des puissances est fortement évolutif et où les mécanismes d’une gouvernance mondiale sont enrayés, il est devenu plus essentiel encore de ne pas se tromper sur les révolutions scientifiques et techniques qui vont bouleverser notre futur et toutes les équations de sécurité et de défense.

Le présent rapport, élaboré en lien avec la fondation pour la recherche stratégique (frs), est justement consacré à l’impact sur notre environnement stratégique de quelques transformations technologiques en gestation ou déjà en cours. Il ne s’enhardit pas trop loin, mais braque le projecteur sur l’horizon 2030, horizon raisonnable pour les politiques publiques.
Il se propose d’attirer l’attention du lecteur sur une série de thématiques d’intérêt, notamment technologiques, et s’interroge sur leur impact dans les quinze ans à venir.

L’introduction de ce document rappelle les profondes transformations qu’a connues notre environnement international depuis cinq ans, et dresse le tableau géostratégique d’un monde menacé par le désordre et le regain des tensions. Elle met en évidence, également, l’influence majeure que pourraient exercer le progrès et la diffusion des technologies sur les équilibres stratégiques.

Certaines évolutions déjà observables, comme l’émergence de la conflictualité dans le cybermonde, ou la montée des risques associés à la présence de nouveaux acteurs dans l’espace extra-atmosphérique, pourraient se prolonger dans les quinze prochaines années. Ces tendances qui se consolident font l’objet de la première partie du rapport.

La seconde partie, quant à elle, envisage les ruptures technologiques susceptibles d’engendrer des ruptures stratégiques. Ainsi, par exemple, la diffusion de la biologie de synthèse et l’impression 3D pourraient entraîner une individualisation de la menace en mettant des capacités non négligeables à la disposition d’acteurs non étatiques. En revanche, le développement des vecteurs hypervéloces pourrait conférer une avance militaire considérable à un club restreint d’Etats détenteurs.

Cette étude ne prétend ni être exhaustive, ni apporter un éclairage définitif sur les thèmes qu’elle a choisis. Elaborée dans un dessein pédagogique, elle ne définit pas davantage une doctrine, ni ne fixe une feuille de route pour les politiques publiques dans les domaines qu’elle aborde. Elle espère, en offrant des « regards » sur des défis à venir pour l’Europe et pour notre pays, proposer des pistes de réflexion à l’ensemble des acteurs de la communauté stratégique française (administrations, think tanks), voire alimenter utilement le débat public, dans une période où les questions de sécurité et de défense s’imposent au cœur des préoccupations.

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